par Samuel Cogliati 

26 décembre 2022

Ne vous y méprenez pas : l’épouvantable fusillade qui s’est déroulée il y a trois jours dans le 10ème arrondissement de Paris est un événement abominable et inquiétant, ne pouvant être justifié d’aucune manière.

Toujours est-il que c’est un acte logique. Non pas concernant l’identité de ses victimes – il aurait pu s’agir de n’importe quelle autre communauté ethnique (ou sociale, politique, religieuse…), les Kurdes n’étant qu’une cible comme une autre, pour le meurtrier présumé –, mais en raison de son mobile et de sa dynamique. 

Nous vivons dans une société qui isole les gens et les mets constamment en compétition. Qui délaisse les liens sociaux. Qui désinvestit depuis des décennies dans le système de santé publique – y compris (ou peut-être notamment) dans les services psychiatriques. Qui prône le bien-être économique comme un mantra absolu, au détriment d’un sentiment d’ouverture à l’égard des autres êtres humains. Qui attise la haine et la violence envers les étrangers et tou(te)s celles et ceux qui, par leur différence, sont perçus comme une menace. Qui néglige (intentionnellement) la culture et l’éducation des personnes. Qui fait recours à la pharmacopée psychotrope de manière de plus en plus habituelle, telle une panacée. Bref : qui génère de plus en plus de citoyen(ne)s apeuré(e)s, égaré(e)s, frustré(e)s, angoissé(e)s, énervé(e)s, démuni(e)s… 

Dans de telles conditions, un individu fragile, perdu, instable, exaspéré et de surcroît agressif, passe logiquement à l’acte, poussé par ses phobies et ses obsessions. C’est terrible, c’est intolérable, c’est choquant, c’est abject. Mais c’est logique. Malheureusement.
Que faut-il donc retenir de tout cela ? Par où faut-il donc commencer, pour faire face à ce genre de situations censées sans doute se reproduire ? • 

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